samedi 9 mai 2020

Poème pour aller jusqu'au bout. 27

Bonjour

« un parasol d’arbres en fleurs / protège nos morts » écrivait Laure Morali. L’arbre protège aussi les vivants. ÉRIC CHASSEFIÈRE le dit dans ce poème qui, à l’instar de ceux qui composent le recueil, Ce peu qui reste d’ici, est comme un effleurement des choses du monde, de la « beauté des choses » dont parlait Christian Bobin. Alors, asseyons-nous avec le poète.

 

On tire une chaise sous un arbre

on s’assied pour enclore de sa présence

le monde ne nous apparaît pas

les feuilles avancent comme des sauterelles

sur la terre durcit par les pas

un froid mordant envahit la poitrine

une façade s’illumine sous un entrelacs

de branches qui y paraissent des ombres

se croisant sous les arbres les silhouettes

tendent un filet de vies invisibles

le sifflet retentit le parc se vide

l’ombre ne trace plus le chemin

la nuit monte comme une vapeur

de minuscules grêlons flottent

s’éparpillent à la surface des choses

comme suspendus fleurs légères

dans la respiration sourde des statues

 

In Ce peu qui reste d’ici, éd. Rafaël de Surtis, 2015

 

Éric Chassefière s’attache à exprimer l’indicible, le si peu de la vie ; c’est la description d’un monde qui disparaît peu à peu, mais sûrement. Il y a comme une contradiction entre le travail du poète et l’occupation professionnelle d’Éric Chassefière (il est directeur de recherche en physique au CNRS et il s’intéresse à l’évolution du système solaire et des planètes). Lucien Wasselin, site Recours au poème, 28/01/2018.

Apparemment, le grand écart, en réalité, la même identité, la précision nécessaire au scientifique se retrouvant dans la manière de dire le monde et ses milliers de composants. Ainsi dans son dernier recueil :  Présence du masque, éd. Sémaphore, 2019.

À demain

Jacques Fournier

N'hésitez pas à faire circuler ce message. Plus la poésie sera lue, mieux le monde s'en portera !


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