A pour ASCAL Françoise & ASCAL Bernard
Bonjour
Pour le dernier envoi de cette série, deux poètes que lie, entre autres liens visibles, la peinture.
Elle, chemine avec les peintres - Mark Rothko (Rouge Rothko, éd. Apogée, 2009), Alexandre Hollan (Si seulement, éd. Calligrammes, 2009), Marie Alloy (Noir-Racine, Al Manar, 2009), Gérard Titus-Carmel (Lignées, Æncrages & Co, 2012), Camille Corot (La Barque de l’aube, éd. Arléa, 2018), etc. Et ses écrits, poèmes et notes autobiographiques, nous amènent à nous approcher au plus près de nous-mêmes.
Je n’ai pas le culte de la nature. Encore moins celui d’un retour à… Simplement, j’en fais partie et ne peux m’en extraire. Elle n’est pas un décor. Elle m’englobe.
J’en connais la puissance redoutable, l’indifférence.
Je sais que notre humanité se construit contre ses lois, contre sa rigueur aveugle. Sortir de notre animalité « naturelle » est une longue conquête, jamais achevée.
Mais nier le lien revient à mutiler notre être. À faire de nous des errants, non pas de ces nomades riches d’un savoir, mais des égarés oublieux de leur origine.
Françoise Ascal, in Un Rêve de verticalité, éd. Apogée, 2011
Lui, est peintre (Le Cadre et le clou, Rhubarbe, 2011, rassemble ses notes d’atelier) mais aussi compositeur (cela me parut évident de finir, un 21 juin, avec un musicien), interprète (d’Aimé Césaire, de Pierre Mac Orlan, de Pablo Picasso, ainsi que de dizaines d’autres poètes), nouvelliste grinçant (L’Amateur de billes, Rhubarbe, 2020) et poète lucide.
J’arrache une touffe d’herbe
je bouscule une pierre avec mon pied
ou la roue de ma brouette
mille insectes fuient dans le plus grand désordre
un tremblement de terre
les affolerait moins
aucune conscience des proportions
chez ces scolopendres mille-pattes lombrics
ce n’est qu’un geste d’homme
Bernard Ascal, Pas même le bruit initial, éd. Gros Textes, 2014
Ainsi se termine cette série de 26 envois comme autant de lettres dans notre alphabet.
Merci de votre patience.
Merci de vos messages d’encouragement à aller jusqu’au bout.
Merci de vos messages de remerciement qui confirment mon choix (mon besoin ?) d’aller jusqu’au bout.
Merci de vos lectures attentives.
Merci de l’écho que certain·es leur ont donné en les transmettant à leurs ami·es et contacts.
Merci de m’avoir informé que vous alliez commander tel ou tel recueil cité.
Merci aux poètes de se donner à lire.
La poésie n’est, elle aussi, « qu’un geste d’homme » et « qu’un geste de femme » (dans le respect volontariste de l’alternance qui n’est pas jeu complaisant, mais nécessité).
Et si elle ne peut être tremblement de terre, elle peut, à tout le moins, nous faire vibrer.
Je n’attendrai certainement pas la prochaine crise sanitaire pour vous adresser ainsi poèmes et commentaires. Mais laissons passer l’été.
Qu’il vous soit, autant que faire se pourra, douceur, ressourcement, retour à la chaleur humaine et solaire.
À Bientôt
Jacques Fournier
PS : à votre demande, je peux vous transmettre le PDF de l’intégralité des Poèmes en guise de Compte à rebours.