Avant le poème, une information qui fait suite à l'envoi d'hier : j’ai appris (merci Lydia) que les éditions La Barque publieront le 3 juillet 2020 en un volume bilingue deux recueils d’Ingrid JONKER : De Fumée et d’ocre et Soleil incliné (ses deux derniers recueils) traduit de l’afrikaans. On trouvera le livre dans toute bonne librairie ou sur www.labarque.fr.
POÈME EN GUISE DE COMPTE À REBOURS #09
I pour IZOARD Jacques
Bonjour
LE SOUFFLEUR, LE DORMEUR
L'un coupe la verveine
ou saisit sabots et soleils.
Puis dort dans mon souffle.
Souffleur et dormeur sont en paix.
La phrase très pâle
à travers les barreaux.
L'herbe et la langue.
Et le jardin du lait
submerge mes guenilles.
L'autre nomme la truelle
ou le papier blanc des fées.
Le voici décousant l'oreiller.
Le voici tirant le fil de laine
des gencives, des genoux.
Les petits coups du cœur
ébranlaient la maison.
L'un, dans l'acajou,
conservait les voix mortes.
Le vide effrayait
les enfants des voleurs.
Et le clos du curare
protégeait de la lune
les voyeurs endormis.
L'autre avait trouvé
faux de papier doré,
bulles et billevesées.
Le voici quémandant
quelques baisers anciens.
Dans le corps du carabe,
je fourbis mes chemins.
in Vêtu, dévêtu, libre, Belfond, 1978
« Un grand du Verbe » pour le poète Roland Nadaus (cité sur www.paperblog.fr/users/spiritus/)
Le Liégeois Jacques Izoard (1936-2008), dont « la parole explose, prolifère, pulvérise ses limites pour mieux s’épanouir » (Vahé Godel, in La Tribune de Genève) fut aussi généreux que sa poésie : responsable de revues, organisateur pendant 30 ans des Nuits de la poésie de Liège, découvreur de poètes (Eugène Savitzkaya, Karel Logist, William Cliff, Ben Arès, etc…), inspirateur de l’École de Liège. Les éditions de la Différence ont publié son œuvre complète en trois volumes.
A (après-) demain
Jacques Fournier
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