mercredi 27 mai 2020

POÈME EN GUISE DE COMPTE À REBOURS #19

S pour STÉTIÉ Salah

1929-2020

 Bonjour

Ci-dessous, le poème, lu hier au cimetière. En pièce jointe, l'article. En pensée, le poète.

 

Ainsi jamais la chute du jour n’est-elle définitive. Les orangers le savent. La mer le sait. Et notre cœur aussi, fabriqué pour le malheur, et qui ne croit qu’au bonheur. Qui donc est le plus naïf, - de notre cœur ou de nous ?

 Voici, je crois, la seule question. Celle qu’on voudrait se poser au bout de toutes les autres, - oiseuses le plus souvent. Et, à cette question, nulle réponse, puisque notre cœur fait partie de nous, qu’il partage légitiment toutes nos interrogations, qu’il est le complice de tous nos doutes. Cœur, mon cœur, mon pur, mon plus pur ennemi, et mon pire. Souvent, mon cœur, nous n’avons plus rien à nous dire, puisque nous ne faisons que nous parler. A longueur de temps, nous parler. Le soir qui tombe n’interrompt pas notre conversation, toi naïf, moi rusé, toi rusé, moi naïf. Mon pur, mon pire. Enfants, c’est à la pointe du canif que nous savions à même la peau de l’orange inscrire précautionneusement nos prénoms avant de la peler et puis de la manger. Ô mon cœur, ô mon orange sanguine, ô que j’aimerais te manger !

 

Tous les poètes mangent leur cœur

Tous les poètes mangent leurs soirs

 

La vie s’en va la vie revient

Tous les chemins sont nécessaires

 

A qui ne veut se retrouver

Devant la falaise des ombres

 

Un jour de femme brune ou blonde

Aux yeux de sel et de douleur

 

Comme va le monde

 

Ext. de La Chute du jour, in d’une langue, éd. Fata Morgana, 2013

 

À (après-) demain

Jacques Fournier

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