Ne laissons pas la pluie « vieillir et disparaître ». D’où je vous écris, elle fut la bienvenue après plus d’un mois sans la voir ni la sentir, attendue par le jardin. La pluie ? Bien sûr il y eut Apollinaire (l pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes), Jean Richepin (M'a dit la pluie : Écoute / Ce que chante ma goutte), Carco (Il pleut — c’est merveilleux. Je t’aime), Ponge (La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses), Baudelaire (Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle), Verlaine (Il pleure dans mon cœur / Comme il pleut sur la ville), Queneau (Averse averse averse) et tant d’autres. Et il y a DOMINIQUE SAMPIERO, homme du Nord, « buveur de ciel ».
Un mois d’averse. Trente jours de pluie draconienne. Une fatigue s’installe, une usure qui émousse les contours. Je sais que ça va s’arrêter et que l’été enfin va tout sécher. Mon corps est une cave humide, mon esprit s’y envase. Le salpêtre recouvre mes pupilles. De rares éclaircies hissent un soleil à la surface des jours, pâle comme une vieille assiette.
Je tire à moi des phrases sombres mais éclatantes, des phrases froides comme le marbre noir de la cheminée. (…)
In Carnet d’un buveur de ciel, éd. Lettres vives, 2007
Une trentaine de recueils de poésie et courts récits que l’on qualifierait de « prose poétique », des romans, des pièces de théâtre, des scenarii pour longs et courts métrages, des récits pour la jeunesse, des livres d’artistes, etc. Dominique Sampiero, né en 1954, c’est tout cela. C’est aussi une présence, une chaleur de corps et de voix, une humanité débordante, un ogre de vivre qui « s’est construit, pierre à pierre, source après source, un nom d’écrivain » (Gil Pressnitzer). Prix Ganzo 2014; La Rumeur libre a édité en 2016 le volume 1 de ses Œuvres poétiques. On espère le volume 2.
A demain
Jacques Fournier
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