lundi 27 avril 2020

Poème pour tenir le coup.14


 Poème pour tenir le coup. 14
(envoi de Jacques Fournier)



Hier, Léon Gontran Damas nous renvoyait à l’Afrique, où nous avons déjà croisé Tanella Boni.
ANANDA DEVI est mauricienne.



Six décennies et je l’admets
Je refuse tout ce qui interdit les sens
Tout ce qui nous embourbe
Nous entourbe
Nous réduit à moins que nous-mêmes
La nature nous a construits autres
Joyeux et généreux
C’est là le ravissement de l’incertain
Le reniement de tout ce qui nous encastre
Et nous empêche d’être
Le simple fait d’une joie
D’une tendresse
D’un orgasme rieur
Je ne veux d’aucun masque
Aucune voile
Aucune croyance
Qui m’interdise d’être
Vraiment ? me dit-il
Peux-tu le prouver tout de suite ?
Et j’ai ri
Ne ferme pas la porte contre l’orgasme qui s’annonce
Ni ses fêlures ni sa vigueur
Laisse monter la marée du sang
Qui ravage l’ordinaire
Toute terreur est propice
À l’agenouillement propitiatoire
Ainsi a-t-il parlé


In Danser sur tes braises suivi de Six décennies, éd. Bruno Doucey, 2020

Ananda Devi est née sur l’Île Maurice, en 1957, de parents d’origine indienne. Prix des Cinq-Continents et Prix Louis Guilloux, ses romans sont publiés chez Gallimard et Grasset, ses poèmes aux éditions Bruno Doucey (Quand la nuit consent à me parler ; Ceux du large ; Danser sur tes braises).
« Par la force et la violence des mots, elle se dresse contre toute forme de rejet et propose un véritable engagement de l’imaginaire insulaire pour la reconnaissance de l’altérité. » (V. Bragard, site ile-en-ile.org).
Les livres des éditions Bruno Doucey sont disponibles en version numérique. www.editions-brunodoucey.com

à demain
JACQUES FOURNIER
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