Poème pour tenir le coup. 3
(envoi de Jacques Fournier)
Hier, De
périr avec nous (les nuages) ne sont point tenus, disait le poème de
Wisława SZYMBORSKA.
Mais
pourquoi périr ? et si mal ? demande Abdellatif LAÂBI dans ce poème
publié dans Le Spleen de Casablanca, éd. de la Différence, 1996
Allons
il n'y a pas lieu
de crever de la sorte
mijoté
à petit feu
l'amour en berne
le rêve éventré
comme un rat
Viens ma tempête extravagante
Il y a bien une taverne
où l'échanson
a revêtu la cape de la rédemption
et verse dans la coupe
l'élixir de la fraternité perdue
Allons boire jusqu'à l'aube
et que la Faucheuse
aille paître ailleurs
Né en 1942 à Fès (Maroc),
Abdelaltif Laâbi collabore en 1966 à la création et à l'animation de la revue Souffles,
dont le champ littéraire et artistique s'ouvre aux problèmes sociaux et
économiques. Fondateur d'un mouvement d'extrême-gauche clandestin au royaume
d'Hassan II, il est arrêté, torturé, et condamné en 1973 à 10 ans de prison.
Grâce à une campagne
internationale, il est libéré en 1980. Il s'exile en France cinq ans plus tard.
Poète, mais aussi romancier,
dramaturge, traducteur et essayiste, "Abdellatif Laâbi est un frère qui
vous accompagne dans les rues du quotidien" (Jean Pérol, in préface à Œuvre
poétique II, éd. de la Différence, 2009).
Son œuvre poétique intégrale a
été publié en 2 volumes aux éd. de la Différence en 2006 et 2009, puis aux
éditions du Sirocco, au Maroc, en 2018.
Prix Robert Ganzo 2008 ; Goncourt
de la Poésie 2009 ; Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française 2011.
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