lundi 20 avril 2020

Poème pour tenir le coup. 6

 Poème pour tenir le coup. 6
(envoi de Jacques Fournier)



 Du temps (...) / pour apprendre aux plus mal vivants / ce temps en plus / qui peut-être pourra doubler leur vie" écrivait Armand Monjo.
 
Ces temps-ci, les "plus mal vivants" sont nombreux, plus encore qu'hier.
Parmi eux, les "migrants", "pauvres gens à qui nous enlevons même / la petitesse d'un pré-fixe comme un bout de terre" (Patricia Cottron-Daubigné, in Ceux du lointain, éd. L'Amourier, 2017).
C'est aussi de celles-là et ceux-là que parlent la poète ivoirienne Tanella BONI dans son recueil Toute d'étincelles vêtue, éd. Vents d'ailleurs, 2014, que ce poème clôt.
 
Je m'en vais déclarant à chaque escale
Le permis de non-séjour
Inscrit sur les lignes de ma main
Je m'en vais emportant dans mon sac à dos
Le poids du monde
Car les ruelles de la traversée
Ont pris possession de mon corps
 
Je regarde demain avec les milliers d'empreintes
Qui peignent le fond de mon âme
Le chemin est encore loin
L'horizon n'est pas à nos pieds
Mais j'aime le chant des jours à venir
Et je suis partie tôt ce matin.
 
 
Poétesse, romancière et philosophe, Tanella BONI est née à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
Prix Kourouma 2005, Prix Continental et Prix international de poésie Antonio Viccario 2009.
" Sa poésie est portée par un humanisme rempli d’amour et de compassion, mais elle ne craint pas de dénoncer aussi les oppressions et les violences, commises en particulier contre les femmes." (lesvoixdelapoesie.com)
 
N'hésitez pas à faire circuler ce message. Plus la poésie sera lue, mieux le monde s'en portera !

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