Poème pour tenir le coup. 5
(envoi de Jacques Fournier)
Aurons-nous le temps, répète Hélène Dorion dans le
poème que je vous ai choisi hier.
Il nous faudrait Du temps en plus, ainsi que le
propose Armand MONJO dans ce poème extrait de La
Quadrature du XXe siècle, éditions Subervie, 1983.
DU TEMPS EN PLUS
Du temps en plus pour l'amitié des plantes
pour une orbe élargie de caresses
pour plus de science à respirer
cette bouche de joie la fleur
Plus subtile l'oreille
aux vies élémentaires
du bois de la pierre des flammes
Plus disponible à la foule des feuilles
ces mains tendues
Du temps pour tendre une lanterne
à l'inconnu perdu dans son brouillard
pour transmettre au voisin le geste qui libère
le regard qui nourrit
pour apprendre aux plus mal vivants
ce temps en plus
qui peut-être pourra doubler leur vie
Né en 1913 à Cavaillon, décédé en 1998 à Paris, Armand MONJO a
été aérostier, résistant et professeur et grand traducteur d'italien.
J'ai eu l'immense bonheur de connaître ce grand poète discret
qui traversa le 20ème siècle à l'ombre des grandes figures que l'histoire
littéraire retiendra.
J'ai eu l'immense joie de publier deux recueils de lui destinés
à la jeunesse, de rééditer son premier recueil, Poursuites, que
publia, en 1942, le grand éditeur Pierre Seghers avant d'être Pierre Seghers.
J'ai eu l'immense joie de publier les premières pages de son
autobiographie, Ouverture à la Joie, dans lesquelles il racontait son
entrée en écriture au contact de Jean Giono.
" Il y a peu d'œuvres en vérité aussi entêtées de fraternité,
aussi généreuses à célébrer la vie, convoquant tous les visages du monde,
revendiquant des bonheurs concrets, alertées sans cesse du sort des plus
humbles, sacrifiés et démunis." Jean-Pierre Siméon, in L'Humanité, 3 avril
1998.
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