Poème pour tenir le coup
(envoi de Jacques Fournier)
Le temps nous pose plus haut,
écrit Ariane Dreyfus.
Le temps. Le cœur battant de tant de poèmes du monde entier. Mais quand
j’entends ce mot, j’entends de suite la voix et les flûtes démultipliées
de mon ami André Stoketti, grand admirateur de CLAUDE
ROY dont il a mis en musique et en voix, sur son CD Flûturiste
(2010) quelques poèmes dont… Le Temps.
LE TEMPS
Bête
comme un moteur, bête comme un alexandrin, le temps piétine et bouge et
marche tout le temps. Il ne peut pas rester en place, et
son chemin déroule son tricot de vers à soie bavant.
Le temps n'a pas le temps de perdre ses minutes, ni de trouver jolies les choses ni les gens. Il a toujours à faire, et s'il trébuche et bute il repart tout de suite et rattrape le temps.
Mon échelle à monter aux grand'places d'aurore, ma douce, ma songeuse, et mon seul passe-temps, dans le chaud mélangé de notre double corps nous n'entendons plus les gros sabots du temps.
Il n'est pourtant pas loin, bête comme un ruisseau, il fait bouger le sang et le tic-tac du cœur, les onze ou douze pieds de mes vers pas très beaux, bête comme une rime qu'on saurait par cœur.
Le temps n'a pas le temps de perdre ses minutes, ni de trouver jolies les choses ni les gens. Il a toujours à faire, et s'il trébuche et bute il repart tout de suite et rattrape le temps.
Mon échelle à monter aux grand'places d'aurore, ma douce, ma songeuse, et mon seul passe-temps, dans le chaud mélangé de notre double corps nous n'entendons plus les gros sabots du temps.
Il n'est pourtant pas loin, bête comme un ruisseau, il fait bouger le sang et le tic-tac du cœur, les onze ou douze pieds de mes vers pas très beaux, bête comme une rime qu'on saurait par cœur.
in Poésies, 1956, Gallimard
Claude Roy (1915-1997) fait partie des poètes trop oubliés du XXe
siècle, né trop tard pour être de la grande aventure surréaliste, et que
nous ne (re)connaissons qu’à travers quelques poèmes appris par nos
enfants à l’école, souvent extraits de ses merveilleux Enfantasques
(1974) et Nouvelles Enfantasques
(1978). Poète, il était aussi romancier, essayiste
et journaliste. Son engagement politique est profondément et durablement
marqué par les horreurs d’un siècle qu’il traversa en observateur
attentif et analyste rigoureux. Son Journal en six volumes est un
important témoignage sur ce siècle. Mais la poésie reste
le cœur de son œuvre. En 1985, il a reçu le premier Prix Goncourt de la
Poésie.
A demain
Jacques Fournier
N'hésitez pas à faire circuler ce message. Plus la poésie sera lue, mieux le monde s'en portera !
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